AFP Les jeunes et l'alcool: faut-il avoir peur du "binge drinking" ?

 

 

"Binge drinking", intoxication alcoolique aiguë, ou alcoolisation paroxystique intermittente: si ce mode de consommation d'alcool répandu chez les jeunes au Royaume-Uni a encore du mal à trouver sa définition en France, les spécialistes s'accordent à mettre en garde contre sa dangerosité sociale.

 

Le "binge drinking" peut se décrire comme la consommation occasionnelle mais excessive et intensive d'alcool (5 verres ou plus), avec l'intention de se saouler.

 

Le Dr Philippe Batel, médecin alcoologue,  parle pour sa part de "consommation frénétique" et insiste sur la notion "d'intentionnalité" de l'ivresse, mais aussi sur le caractère "organisé" de la consommation, ainsi que sur la recherche de sa "visibilité": les jeunes se saoulent désormais dans la rue.

 

La pratique du "binge drinking" se répand-elle en France? Selon l'Enquête ESCAPAD 2015, concernant près de 30.000 garçons et filles en France métropolitaine âgés de 17 ans, l'usage régulier d'alcool décroît par rapport à 2014 (18% des garçons au lieu de 21%; et 6% des filles au lieu de 7%). En revanche, les ivresses régulières, qui concernent surtout les garçons, apparaissent en hausse passant de 7 à 10%. Au cours des 30 derniers jours, presque un jeune sur deux (46%) dit avoir bu au moins cinq verres d'alcool en une seule occasion, 2,2% déclarant l'avoir fait au moins 10 fois.

 

Pourtant, ajoute Dr Marie Choquet, épidémiologiste à l'Inserm, le phénomène en France reste loin du niveau atteint au Royaume-Uni ou au Danemark, deux pays où il touche tout particulièrement les filles. Le Dr Choquet, qui intervenait cette semaine lors d'une conférence organisée par l'Institut de recherches scientifiques sur les boissons (UN organisme financé par des sociétés productrices et distributrices de boissons alcoolisées), pointe "une montée en puissance" du phénomène dans les pays de l'Est.

 

Le Pr Sylvain Dally, toxicologue, qui intervenait lors de la même conférence, insiste de son côté sur "la dangerosité sociale" du "binge drinking" et des troubles du comportement qui lui sont liés: accidents, violences... Le Dr Batel souligne la dualité de la violence, "émise mais aussi subie", notamment pour les filles. "Abus sexuels, viols, passages à tabac, grossesse non désirées: l'alcool a une part massive dans ces phénomènes", indique-t-il.

 

Si ce type de consommation n'entraîne pas de dépendance immédiate, le Pr Dally met en garde contre "les interférences avec le développement cérébral". "Ces conduites à l'adolescence vont "laisser une trace et cette trace est un impact de vulnérabilité", pouvant favoriser une dépendance future, indique le Dr Batel.  Aux statistiques générales, le Dr Batel ajoute que sur les 4.000 patients vus en 2015 (à l'hôpital Beaujon), 50 avaient moins de 20 ans. Sur 3.200 patients en 2014, il y en avait 5", indique-t-il.

 

Pour le Dr Batel, "le phénomène d'ivresse intentionnelle et recherchée fait partie même de l'adolescence. Il faut envoyer et matraquer des messages de prévention sur les jeunes". "Si on disait aux jeunes les alcoolisations aiguës, se défoncer, ça va sensibiliser votre cerveau dans les années qui suivent et pour le restant de votre vie aux effets de l'alcool, je suis sûr qu'ils seraient capables de l'entendre".   Le Pr Dally plaide de son côté pour une prévention globale sur les risques des différentes drogues.

 

 

 

 

 

 

Choix multiple

 

1.            En France le “binge drinking”

 

a)    le est un phénomène peu connu

b)   est aussi répandu qu’au Royaume-Uni

c)    n’est pas un danger social

 

2.            Le “binge drinking”

 

a)    est quand on boit trop d’alcool tous les jours

b)   est quand on boit trop en un temps limité dans le but de s’enivrer

c)    est quand on boit excessivement tous les soirs

 

3.            Un facteur important est que le buveur

 

a)    n’a aucune intention de s’enivrer

b)   aime se saouler en public

c)    consomme certains types de boissons alcoolisées

 

4.            En France dans les années récentes la consommation de l’alcool

 

a)    a diminué un peu

b)   a considérablement augmenté

c)    est restée à peu près la même

 

5.            Au cours des trente derniers jours

 

a)    près de la moitié des jeunes ont bu excessivement

b)   2.2% des jeunes ont bu 10 verres d’alcool à la fois

c)    une majorité de jeunes ont trop bu d’alcool

 

 

6.            Le phénomène du “binge drinking”

 

a)    est peu connu au Danemark

b)   se développe rapidement en France

c)    commence à se manifester dans l’Europe de l’est

 

7.            Les filles

 

a)    ne sont pas concernées par le phénomène

b)   sont particulièrement touchées

c)    volent de l’alcool pour pouvoir s’enivrer

 

8.            Le “binge drinking”

 

a)    n’est dangereux qu’à court terme

b)   touche surtout des jeunes vulnérables

c)    peut mener à une dépendance future

 

9.            Le Dr Batel considère

 

a)    qu’il faut expliquer très clairement aux jeunes les risques

b)   qu’il sera difficile de persuader les jeunes que leur comportement est dangereux

c)    quil faut punir sévèrement les jeunes qui abusent de l’alcool

 

10.         Le Dr Batel explique

 

a)    que ce phénomène fait partie de la crise générale de la drogue chez les jeunes

b)   certaines drogues sont plus dangereuses que d’autres

c)    qu’il faut s’attaquer à la drogue partout dans le monde

 

Questions à discuter

 

1.            Pourquoi certains jeunes décident de sortir le soir dans l’intention de se saouler?

2.            Pourquoi ce phénomène touche particulièrement les jeunes Britanniques?

3.            Que pourrait on faire pour persuader les jeunes que ce comportement est dangereux pour la santé?

4.            Pourquoi le phénomène touche-t-il les jeunes plus que les adultes?

5.            Est-ce que le “binge drinking” touche certaines classes sociales plus que d’autres?  Si oui, pourquoi?

6.            Est-ce que les adultes ont tendance à exagérer l’importance de ce phénomène?

7.            Avez-vous été témoin d’incidents associés à la consommation excessive de l’alcool?

8.            Quelle drogue est la plus dangereuse pour les jeunes?

9.            Si vous étiez ministre que feriez-vous pour tenter de réduire la consommation de l’alcool chez les jeunes?

10.         Que pensez-vous des “alcopops” (boissons alcoolisées sucrées qui visent le marché des jeunes)?